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aller au contenu accueil a propos ← articles plus anciens amaury da cunha demeure publié le 17 juin 2018 par rémi coignet photographe, critique, écrivain, amaury da cunha use de toutes les formes que le papier permet. son œuvre, aux titres à tiroirs, se complexifie d’ouvrages en ouvrages. le dernier en date demeure (s’agit-il d’un lieu ou d’une injonction ?) en est un magnifique exemple. l’autobiographie (pour qui sait la décrypter) et la psychanalyse sont centrales dans le travail de l’auteur. le livre marque un retour au noir et blanc mêlé à la couleur. il s’ouvre sur le portrait d’un jeune homme qui ressemble fort au photographe et s’achève par celui d’un homme plus âgé qui lui ressemble tout autant : son frère et son père. la conception du livre « à la japonaise » fait que le lecteur doit entre-ouvrir les pages, comme il le peut, pour accéder aux textes de sylvie gracia qui, loin d’être des légendes, sont des clefs incertaines pour accéder aux images. dans cette complexité, tout un univers onirique se déploie. amaury da cunha, demeure , broché, plis japonais, 136 pages, éditions h’artpon, conception graphique : geoffrey saint-martin, whitepaperstudio. allez voir ailleurs ! le site d’ amaury da cunha celui des éditions h’artpon publié dans photographie | laisser un commentaire didier ben loulou sud publié le 23 avril 2018 par rémi coignet depuis le début des années 1980, didier ben loulou explore la méditerranée. après une expérience au kibboutz, ce parisien de naissance, a représenté jérusalem, jaffa, athènes ou marseille. toutes villes inscrites profondément dans l’histoire multi-millénaire de notre « mare nostrum ». si l’on fait exception de son récent et excellent israël eighties , pur document personnel en noir et blanc (qu’il ne s’est décidé à publier qu’en 2016) de la société israélienne de l’époque, certes déjà divisée, mais où l’on perçoit encore les us et coutumes des séfarades, des ashkénazes, le statut des palestiniens mais aussi la liberté de mœurs de l’époque : les ultra-orthodoxes côtoient des filles en string. le tout allant plus tard, selon moi, donner à didier ben loulou son style unique : un emploi « outrageux » de la couleur propre à la méditerranée renforcé par l’usage du tirage fresson et de la photogravure par les artisans du regards. mais aussi une conscience aigüe de l’importance de la lettre et de l’écriture dans la fondation de la civilisation méditerranéenne. en témoigne mémoire des lettres . son nouveau livre sud , loin d’être un catalogue ou une compilation paresseuse de ses travaux passés est un trait d’union, une relecture radicale de trente ans de travail. un engagement, en quelque sorte, à définir ce qui unit cette mer dans un monde géopolitique où tout tend à la diviser. didier ben loulou procède le plus souvent dans les doubles pages de sud par association de couleurs. ce qui est une des marques de « fabrique » chez lui. chaque ville ayant sa propre couleur (voir conversations 2 , p8-21) ici, la couleur indique tout à la fois l’unité stylistique unique de didier ben loulou et la profonde unité de la civilisation méditerranéenne avec ses cohérences, ses conflits, sa violence qu’affirmait déjà fernand braudel dans la méditerranée . une chose que je ne comprendrai sans doute jamais est pourquoi, didier ben loulou s’obstine à publier ses livres de photographie chez un éditeur de littérature générale et ses textes chez un éditeur photo. cela fait sans doute partie de ses contradictions fécondes. didier ben loulou, sud , la table ronde, édition reliée, 96 pages, conception graphique : wintje van roojten & pierre peronnet. parution le 17 mai 2018 allez voir ailleurs ! le site de didier ben loulou celui des éditions la table ronde celui de arnaud bizailon editeur entretien avec didier ben loulou dans conversations 2 publié dans photographie | laisser un commentaire une conversation avec william klein publié le 23 mars 2018 par rémi coignet william klein est né en 1928 à new york. après des études de sociologie au city college of new york, il effectue son service militaire de 1946 à 1948 d’abord en allemagne puis en france. en 1948, il se fixe à paris où il vit et travaille depuis. après s’être inscrit à la sorbonne, il étudie quelque temps dans l’atelier de fernand léger. au début des années 1950 il s’intéresse à l’art cinétique et se livre à diverses expérimentations de photographie abstraite dont une douzaine fera la couverture de la revue italienne domus . en 1954, il retourne à new york et en tire en 1956 le livre fondateur life is good and good for you in new york : trance witness revels . titre à rallonge souvent résumé en new york . le livre obtient le prix nadar en 1957. il réalise ensuite trois autres livres sur des villes, rome (1959), moscou (1964) et tokyo (1964). au cours des années 1960, il s’éloigne momentanément de la photographie pour se tourner vers le cinéma. il est l’auteur d’une vingtaine de films documentaires et de fiction dont les emblématiques qui êtes-vous, polly maggoo ? (1966), prix jean-vigo, et muhammad ali, the greatest , tourné en deux temps, 1964-65 et 1974. au milieu des années 1980 il initie la série documentaire contacts où de célèbres photographes décortiquent leurs planches-contacts, cette part généralement occultée du travail photographique. il ne revient au livre de photographie qu’en 1989 avec close up . william klein est l’auteur d’une quinzaine de livres en considérant les rééditions de ses classiques sur les villes et sans évoquer une multitude de catalogues d’expositions et de monographies. c’est sans aucun doute un truisme, mais prenons-en le risque. avec son new york , william klein a révolutionné, en 1956, l’histoire de la photographie. il envoie par-dessus les moulins ansel adams et son zone system. même walker evans prend alors un coup de vieux. tout ce qui faisait les conditions d’une bonne photo : cadrage précis, souci du tirage le plus soigneux avec une large gamme de gris sont rejetés au profit de l’affirmation de la subjectivité absolue de l’artiste et de sa liberté à user de son outil sans autres règles que celles qu’il se fixe lui-même. rejoins deux ans plus tard, en 1958, par robert frank avec les américains , il ouvre la voie à un genre photographique que, faute de mieux, je nomme « photographie à la première personne » et que l’on pourrait, par exemple, opposer à la neutralité revendiquée de l’école de düsseldorf. ce que klein a inventé traverse toute la deuxième moitié du xxe siècle et court jusqu’à nos jours. malgré de nombreux ersatz, on trouve quelques chefs-d’œuvre dus à des artistes qui ont su, eux aussi, trouver leur manière propre d’exprimer leur subjectivité. en une après-midi de janvier ensoleillée, délicieuse et précieuse conversation avec un maître parmi les maîtres dans son appartement du quartier de l’odéon à paris, en compagnie de pierre-louis denis, directeur artistique et tiffanie pascal, chargée de communication et de production de l’atelier de william klein. rémi coignet : la première œuvre de vous que j’ai vue est the french . ce devait être en 1982, à l’auditorium de l’école d’arles (1). j’avais 13 ans. on m’a dit : « il y a un film par un grand photographe, william klein, sur roland garros. » j’ai répondu : « cool, allons-y ». william klein : vous aviez treize ans ? rc : oui. j’étais donc très jeune et ignorant. je jouais un peu au tennis et je regardais roland garros à la télé. j’ai vu the french et j’ai compris qu’on pouvait représenter le réel autrement que selon les conventions médiatiques. et je n’ai jamais oublié ce film. je m’en suis toujours souvenu. wk : vous avez grandi à arles ? c’est une belle ville. rc : oui. mais, en revoyant ce film il y a quelques semaines pour préparer notre rencontre, je me suis dit que the french est un théâtre… wk : un théâtre ? rc : oui c’est une enceinte, un lieu clos, un théâtre. wk : il faudrait que je revoie ce film, je ne sais plus ce que j’en pense. c’était il y a longtemps, en 1981. rc : e